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La loi El Khomri, aussi connue sous le nom loi Travail, est entrée en vigueur le 1er janvier 2017. Elle propose un certain nombre de modifications concernant les heures supplémentaires, les accords d’entreprise, ou encore les motifs de licenciement économique. Cette loi Travail stipule notamment le droit à la déconnexion pour les salariés, en particulier pour ceux bénéficiant d’un forfait jour (principalement les cadres) ou en télétravail. Qu’est-ce que cela signifie vraiment pour l’entreprise – et ses employés ?
FAVORISER L’ÉQUILIBRE ENTRE VIE PROFESSIONNELLE ET VIE PERSONNELLE
Le droit à la déconnexion est le droit pour un salarié de ne pas être en permanence joignable par son entreprise. Cela implique notamment de pouvoir couper en dehors de ses heures de travail ses outils numériques professionnels tels que téléphone, emails… L’objectif de cette loi est de protéger les temps de repos et de congés des salariés afin de préserver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Cette mesure vise à répondre à un problème grandissant : l’épuisement professionnel, ou burn-out. En France, plus de 12% de la population active est touchée par ce syndrôme. Les symptômes sont multiples et se cumulent : pensées incessantes concernant le travail, estomac noué, insomnies, mal de dos, reflux gastriques, épuisement, maux de tête, palpitations au coeur… Et l’addition est lourde à payer : entre quelques mois et 2 ans d’arrêts maladie pour s’en remettre.
Directement remis en cause dans ce phénomène, les rythmes de travail qui accélèrent toujours plus, multipliés par la peur de perdre son emploi et le culte de la productivité. Selon la Cegos, un des leader mondiaux de la formation en ligne, 53 % des salariés et 68 % des managers jugent leur travail trop stressant. Car la transformation digitale a bouleversé les modes de travail et brouillé la limite entre heures de travail et de repos. À toute heure, nous pouvons – voir devons – consulter nos mails, accéder aux logiciels d’entreprises hébergés sur le cloud, partager une information sur les réseaux sociaux de l’entreprise, … Concrètement, le droit à la déconnexion concerne toutes les entreprises de plus de 50 salariés. Celles-ci devront mettre en place “des instruments de régulation de l'outil numérique”, ou à défaut, élaborer une charte définissant les modalités d'application de ce droit à la déconnexion ainsi que des actions de formation et de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques à destination des employés, des managers et des directions.
METTRE EN ŒUVRE CE DROIT À LA DÉCONNEXION
Certaines grandes entreprises françaises ont anticipé la loi, à l’instar de Renault, qui limite l’usage de la messagerie professionnelle et du téléphone portable le soir et le week-end, ou encore BNP Paribas, qui garde en attente les emails envoyés à un salarié sur ses horaires de repos pour les libérer à son retour au travail.
Les études le confirment : les cadres font de moins en moins la distinction entre temps personnel et temps professionnel. Selon une enquête réalisée en 2013 par l'éditeur de logiciels Roambi, 89 % d'entre eux consultent leurs mails professionnels plusieurs fois par jour sur leur temps privé, 93 % pendant leurs congés, 82 % dans leur voiture et 51% dans leur lit.Cependant, dans la pratique, de nombreuses voix s’élèvent contre cette obligation du droit à la déconnexion. Perçue comme une infantilisation des employés, elle génèrerait du stress en plus, les employés étant contraints de respecter les horaires imposés par l’entreprise et forcés de finir leur travail avant une certaine heure – l’exact opposé de la flexibilité apporté par la digitalisation de l’entreprise. Avec un couvre-feu des serveurs entre 18h et 8h, impossible de travailler en horaire décalé, ou plus encore sur un autre fuseau horaire !Alors, comment appliquer ce droit à la déconnexion de manière intelligente ?Formations et sensibilisationL’idée de proposer des formations de sensibilisation à un usage raisonnable des outils numériques est une première piste à explorer. De même, le stress, la pression, et les autres maux du monde du travail sont souvent dûs à de mauvaises pratiques de management, qui poussent les salariés à consulter leurs mails à minuit, la boule au ventre. Être manager est un métier à part entière, et doit s’apprendre comme n’importe quel autre poste. L’empathie, la gestion du stress, le management de projet sont des compétences qui s’apprennent au même titre le développement web ou le marketing digital.Des outils laissant une marge de flexibilitéAu lieu de bloquer les emails, voir les serveurs la nuit, l’entreprise peut laisser le choix à chaque employé de filtrer ou non ses messages aux horaires qu’il le souhaite. Slack, un outil de chat interne, permet ainsi à chacun de définir les horaires de fonctionnement de la messagerie, pour ne recevoir les notifications que pendant ses horaires de travail – ou en cas d’urgence. Avec RingOver, nous permettons également à nos utilisateurs de définir les horaires de fonctionnement de leur numéro professionnel : pas d’appel intempestif le soir ou les week-ends !Le bon sens et l’exemple du leadershipIl ne faut pas oublier que la révolution digitale est encore récente. On peut espérer que les nouvelles générations nées au coeur du numérique seront plus à même de protéger leur vie privée de ces intrusions professionnelles. En attendant, le meilleur moyen de définir des standards dans l’entreprises reste encore de montrer l’exemple. Si le CEO et tous les chefs de départements s’efforcent à éviter les emails ou appels tardifs, il y a de bonnes chances que leurs équipes en fassent autant.Avez-vous d’autres idées pour mettre en œuvre ce droit à la déconnexion au sein de votre entreprise ?